Si la perversion est une ville Babylone Agadir !
Agadir la belle perle du sud, l’attraction touristique marocaine par excellence…l’été, Agadir est une destination prisée, disputée et convoitée… quand on voit les foules qui se déversent à Agadir en période estivale, le beau rêve de 10 millions de touristes en 2010 devient presque crédible …. Moi « l’expatriée » dans cette ville par obligation professionnelle, je porte un autre regard sur cette ville : Agadir
Babylone, capitale de la décadence et du vice dans la culture biblique. Agadir, symbole de la débauche et dépravation au quotidien dans ce nouveau Maroc en mal d’identité, surfant sur une vague de contrastes et de paradoxes.
Des nymphes perverties, voilà ce que m’inspire ces hordes de filles, pour la plupart à peine sorties de l’enfance. Ces filles là ont leurs territoires respectifs, et se déplacent en bandes comme des louves, et investissent Agadir à la nuit tombée…
Ces filles là, un soir en boite de nuit, je me suis levée pour m’asseoir à leur table, je voulais découvrir leur histoire, même si c’est celle du père mort, la mère malade et les 5 jeunes frères à faire vivre, je voulais l’entendre de leur bouche !!! l’une d’elle s’appelait Smahane, 17 ans, originaire de Méknes, la vérité elle vient d’une banlieue misérable…. elle était à Agadir depuis seulement 2 mois, et d’ailleurs cela se sentait dans sa démarche, sa façon de « s’exposer », elle était encore gauche, son père a un petit étalage dans un marché, son frère est un diplômé chômeur, une sœur mariée à un petit fonctionnaire et vit avec sa belle famille…..elle a dit à sa mère qu’elle venait à Agadir rejoindre une cousine qui travaille dans un hôtel, mais aucune d’elle n’est dupe...
Cette cousine c’est Kenza, 21 ans, à Agadir depuis 18 mois, elle est plus à l’aise en tirant sur sa cigarette, elle a un rire qui en dit long sur son jeune passé de prostituée, elle m’a dit que ce que je devais savoir est qu’elle ne retournerait jamais à 8 dans une taudis de 9m², sur ce elle nous laissa, en disant à sa cousine de ne pas bouger de sa place, et se dirigea en se déhanchant vers un étranger sexagénaire qui lorgnait goulûment ses formes appétissantes, à peine voilées par quelques bouts de tissus….
Dégoûtée malgré moi, je reportais mon regard sur Smahane, qui me dit comme pour se justifier, que sa cousine a un cœur d’or et qu’elle l’entretient depuis son arrivée à Agadir, alors j’ai pris mon courage entre deux main et avec des termes très soignés, pour ne pas la blesser, je lui demandé pourquoi elle ne faisait pas « la prostituée » comme sa cousine, le regard de Smahane devient dur, décidé sans émotion, c’est la première fois qu’elle me fixe dans les yeux et me dit que sa cousine a réussit à la faire introduire dans un circuit de filles pour cheikh du moyen orient, et que sa virginité est l’autoroute qui les mènera au-delà du sombre tunnel de leur existence d’insectes de nuit…
C’est à ce moment là qu’une nausée terrible me prit, j’avais envie de gerber mes tripes….je me suis précipitée vers l’extérieur, à la recherche d’une bouffée d’aire frais, comme dans cette salle d’attente d’hôpital public, je me sentais possédée par un démon qui s’appelle impuissance : Nous cautionnons tous ces attentats contre notre chaire, nous jouons les snobs et les hypocrites en faisant mine d’ignorer que c’est la misère, l’ignorance et le besoin qui poussent des adolescents et des jeunes à se mutiler dans leur honneur, leur ego, et devenir des poupées gonflables à déflorer et souiller…