Amazones en ville
Ce soir là une envie soudaine de faire la fête me prend, celle qui vous habite tout entier, et qui se répète en échos en vous comme une litanie incessante…. Campée devant mon placard à passer en revue ma garde robe, je savourais ce moment privilégié de m’adonner aux détails puérils qu’est d’assortir mes chaussures à mon écharpe, ou d’essayer différentes coiffures avant de décider de laisser libres mes boucles rebelles, je me délectais de ces moments de féminité exacerbée….Enfin prête, avec 30 mn de retard, mais ça valait le coup selon mon propre avis puisque je me trouvais belle ce soir là pour sortir…
Arrivée au point de rendez-vous, j’entendais la musique de la rue, et cette chose en moi se faisait plus insistante, le videur m’ouvra la porte et me faisait de l’espace pour passer, ainsi je traversa allégrement la file des gens en attente, portée par ce sentiment d’être sublime ce soir là, chose que les copines me confirmèrent dés qu’elles me voient approcher …
L’ambiance était latine ce soir là, féline et détendue, les notes de musiques enfiévraient les corps, et les nôtres notamment qui se laissaient guidaient par des vibrations invisibles, nous étions jeunes, sublimes et heureuses, des femmes qui faisaient la fête un soir dans un pub à Casablanca…
Nous savions que nous intriguions ; au début les hommes nous lorgnaient ne sachant pas sous quelle rubriques nous cataloguer, ils se disaient : « sont elles de celles qu’on peut s’offrir ? », après quelques temps d’observation et d’hésitation, quelques uns s’approchaient, et se faisaient éconduire illico presto, d’autres nous offraient à boire et passaient par le même chemin que les premiers, les plus téméraires revenaient à la charge après avoir répété leur numéro qu’ils exécutaient devant nous, en se donnant des faux airs décontractés et naturels, cela ne durait pas longtemps puisqu’ils se faisaient éjecter sans préavis : du calme messieurs ! ce soir nous n’étions ni des prédatrices ni des proies, simplement des femmes qui faisaient la fête…..après de vaines tentatives d’approche avortées, ces messieurs nous regardaient bizarrement : nous n’intriguions plus, nous dérangions, par notre attitude désinvolte et insouciante.
Bizarrement les femmes accompagnées par leurs chevaliers servants nous dévisageaient aussi de cette façon si précise que seules les femmes et les caméras de surveillance peuvent le faire, elles nous savaient désintéressées mais étaient agacées par les regards certes furtifs, mais subjugués que nous lançaient leurs valeureux compagnons : tout doux mesdames ! nous n’étions pas en prospection ce soir, simplement des célibataires qui sortaient entre filles.
Ce soir là à Casablanca, des femmes jeunes, belles et seules, ont fait la fête et puis rentrées chacune chez elles cela n’a pas empêché le soleil de se lever, ni la terre de tourner, n’a pas empêché Israël d’attaquer le Liban ni le prix du baril de pétrole d’exploser, la vie a continué tout simplement après ….