Quand je serais grande je voudrais être un enfant
Une idée m’obsède depuis un moment, quelle idée nos proches ont de nous, enfin de moi, puisqu’il s’agit de l’image que je renvois à ceux que j’aime….
Ma famille me donne l’impression que je suis le vilain petit singe qui s’est transformé en humain….. en quelques années mes crises de colères, mes cris, mes disputes ont cessé….dans le regard de mes proches je lis cette phrase : « elle s’est assagie » ….
Mes disputes avec ma mère font partie de mon passé, je ne cherche plus à la bousculer, à l’affronter, à me mutiler avec nos querelles, pour que mes blessures lui prouvent que j’existe…. De nos querelles passées, on en parle jamais, on est pas non plus devenues plus proches, mais je sais désormais que ma mère m’aime, même si elle pense à tort que je bosse dans la publicité, ne sait pas qu’elle femme je suis devenue vraiment, mais je sais que c’est sa façon de m’aimer, et dans son regard je lis « t’es ma fille, pas mon ennemie » ….
Mon père pense que je suis une bohémienne.
Est il fier de moi ? je ne pourrais pas le confirmer, mais l’espoir fait vivre, et c’est un bon moteur pour avancer… mon père est le premier qui m’a dit que j’avais des aptitudes, mais quand un professeur au brevet lui a dit que j’étais une lumière, et lui a répondu « lumière éteinte »….. non, ce n’est pas que mon père ne croyait pas en moi, sauf qu’il hait la médiocrité, et tant mieux parc que si je cherche à me dépasser dans ce que je fais c’est grâce à cela….maintenant je sens qu’il est rassuré sur mon sort, il sait que j’ai trouvé ma voie, même s’il n’a jamais demandé à voir l’un des films que j’ai écrit ou aux quels j’ai collaboré, je sais qu’il est heureux que je m’épanouisse dans ma spécialité……Et parlons de ma spécialité, j’aurais dû devenir médecin, comme mon père, et surtout pour lui, mais mon parcours a été autre…. Ma sœur et mon frère ont quant à eux réalisé le rêve de mon père, et il y’a quelques temps encore quand il parlait de sa fierté : ses enfants, il ne citait que leurs prénoms, et pourtant je sais qu’il ne le faisait pas sciemment, il ne savait que j’avais mal pour ça…..avec ma sœur il prendrait des gonds, avec moi il n’a jamais usé d’artifices, parc qu’il dit que je suis celle qui a hérité de la « rudesse de caractère de la famille », mon père pense que je suis une coriace, forte et blindée….dans son regard c’est beaucoup d’abnégation et d’amour que je perçois « prends soin de toi, je te fais confiance » voilà ce que je lis…..
Mes amis savent que je réponds au téléphone à n’importe quelle heure, que je suis disponible pour apaiser, réconforter et coacher, ils n’ont jamais connu la « mégère, la furie ou l’ouragan meriame », ils ne connaissent que celle qui trouve que la vie en vaut la pein,et qui se relève toujours quand elle tombe……
De tous ceux que je connaisse le premier mot qui sort quand ils parlent de moi « forte »…. Le plus drôle c’est que pendant de longues années j’ai tout fait pour le faire croire….. on dirait que c’est une réussite éblouissante….
Parfois nos proches ne nous connaissent pas vraiment, ou plutôt se sont habitués à une idée reçue de nous, cela ne fait pas d’eux des étrangers, simplement des personnes qui nous aiment selon une image qu’ils se sont fait de nous, ils nous aiment comme ils aimeraient que nous soyons.