FE KHATER L'AVENIR
Ma relation avec la film industry était mitigée, tourmentée…. comme une histoire d’amour passionnelle, je la vivais à fleur de peau…. je l’aimais et elle me faisait mal…. Quand la fin a sonné j’ai fait mine de ne pas l’entendre, la voir, j’ai persisté à vivre notre relation idyllique du moins dans mon imaginaire, à me mutiler tous les jours à croire que tout va bien, à peindre mon ciel de bleu trop flash pour faire vrai….. Et un jour je me suis dit tout haut : je pars, je la quitte…
J’ai vécu ma décision comme l’effondrement du mur de Berlin…… j’étais euphorique, je planais, jusqu’au jour où en rangeant ma caravane pour reprendre la route, j’étais frappée par l’évidence : c’est fini ! je ne serais plus là quand simok aura besoin d’être réconforté, je n’assisterai pas au tournage de Tilila que j’ai coécrit, je ne dirai plus à mon boss chaque soir avant de sortir du bureau : « as-tu encore besoin de moi ? »…. je ne verrai plus la magie prendre vie dans les yeux de mon équipe…..je n’irai plus déjeuner avec ash en face de la mer et je ne discuterai plus avec lui à ne plus en finir de ses projets, de mes divagations, de notre ère qui viendra…
A mon retour, j’ai plongé dans un autre univers, comme on plonge dans le coma….. je parlais trop de mon départ, sans oser exorciser les démons que j’ai emporté avec moi, j’ai vécu tous ces mois habitée, hantée, perdue ….
J’ai versé des larmes sèches, j’ai poussé des cris avortés….. je criais que j’étais bien, j’en montrais trop, comme d’autres se font des overdoses parc qu’ils se shootent aux faux rêves….
Je trainais en moi le cadavre de la meriame laissée là-bas…… je côtoyais des gens comme on croise des fantômes….
Mon deuil je le fais en ce moment en voyant le sang de mes démons zébrer cette page blanche…… mon deuil je le fais chaque matin en me préparant pour aller travailler…. mon deuil je le fais à chaque instant quand je m’éclate dans mon boulot….
Maintenant je peux sans honte m’avouer devant le miroir le matin que j’ai aimé la film industry comme une femme aime un homme, comme une mère adore ses enfants, comme une utopique vénère l’idéal… et après sourire me tirer la langue et reprendre mon chemin avec toujours ce regard d’enfant qui s’émeut devant l’arc en ciel en étoiles….